L’ère numérique et la ville intelligente, une occasion de faire les choses autrement

Pour Robert Chicoine, OUQ, MBA, directeur de la planification urbaine et ville intelligente chez AtkinsRéalis Lavalin, c’est le temps de tout remettre en perspective, de se recentrer sur nos vraies valeurs, de vivre à l’ère moderne en déployant la ville intelligente. Robert Chicoine, urbaniste, détient un MBA en affaires municipales. Expert en aménagement du territoire, il œuvre à transformer la ville dans une perspective de développement durable et de déploiement de la ville intelligente.

Nous vivons une période hors du commun, une pandémie qui nous force à nous isoler les uns des autres pour éviter de propager le virus. Cet isolement nous oblige à être créatifs dans nos communications, nos façons de travailler, nos habitudes de consommation et notre façon de vivre en société, mais nous allons revenir rapidement à nos vieilles habitudes et notre rythme de vie. Mais ce rythme temporairement ralenti, auquel nous ne sommes plus habitués, nous donne l’occasion de nous arrêter pour examiner nos valeurs, nos besoins, nos communications et de réfléchir sur notre société de consommation. 

Nous réalisons vite à quel point l’isolement envers nos proches est lourd, que notre besoin de socialisation est nécessaire, que les activités récréatives et sportives sont saines, mais en contrepartie nous constatons aussi des lacunes importantes, entre autres dans nos services d’éducation et de santé. Nous tenons pour acquises tant de choses qui tout à coup nous apparaissent essentielles, mais fragiles. C’est le temps de tout remettre en perspective, de nous recentrer sur nos vraies valeurs, de vivre à l’ère moderne en déployant la ville intelligente.

Les citoyens réclament plus d’accès à l’information et de plus en plus de services facilement accessibles et transparents. La population utilise davantage d’applications sur leurs téléphones intelligents et leurs tablettes. Nous assistons à une 4e révolution, après la mécanique, l’industrialisation, l’électronique, nous voici à l’ère numérique. La technologie est présente, plusieurs outils ont été développés au cours des années et de nouveaux services modernes, efficaces et économiques ont déjà été implantés et testés. Les nouveaux modes de transport, les nouvelles applications, les véhicules autonomes, les bornes de recharge dans le mobilier urbain, l’éclairage intelligent, sont toutes des nouvelles tendances et applications qui se développent rapidement.

La ville intelligente, c’est se servir des nouvelles technologies pour mieux servir les citoyens et faire face aux changements climatiques. Une immense quantité de données numériques est créée et transmise déjà chaque jour par divers appareils électroniques, qui une fois partagée et bien utilisée permet d’offrir des services optimaux aux citoyens, d’analyser les données et prendre des décisions éclairées. Les nouvelles technologies offertes par la ville intelligente peuvent améliorer les services à la population (gouvernance, services publics, conditions de vie, économie, environnement, mobilité) et contribuer à une meilleure qualité de vie.

Il s’agit d’une occasion de développement stimulante et de multiples défis dans la gestion urbaine. C’est l’occasion d’implanter de nouveaux services et de les rendre accessibles à tous.

Il faut mettre en place un important plan de relance québécois par l’implantation de la ville intelligente, un plan de relance à tous les niveaux. Les villes peuvent agir à certains niveaux, mais le gouvernement doit emboîter le pas, car la ville intelligente, c’est aussi des écoles et des hôpitaux intelligents. Un plan de relance qui couvre tous les aspects et implique tous les acteurs. Le gouvernement doit saisir l’occasion, investir et imposer sa mission de prendre le tournant de l’ère numérique. Que ce soit en agissant sur les services, sur les infrastructures ou sur la forme urbaine. Les municipalités et autres paliers gouvernementaux ont la possibilité d’intervenir. La planification de ces interventions dans un cadre stratégique est primordiale.

Il faut s’assurer de mettre en place les outils nécessaires en légiférant et en investissant dans l’implantation de nouvelles technologies.La mutation vers la ville intelligente est une occasion de se doter d’une vision moderne, globale et de repenser les axes de développement en mettant en place de nouveaux services performants. Rendre les villes intelligentes c’est faire du développement durable, implanter des outils numériques dans les villes pour améliorer les services, pour diminuer l’impact environnemental, mais c’est également d’implanter le télétravail dans les entreprises, favoriser les achats locaux, donner accès à une technologie plus performante dans les écoles, dans les hôpitaux, revoir la gestion des transports, des déchets et de l’énergie.  

C’est de plus le temps de repenser nos modes d’habitation, considérant les traitements réservés à nos aînés dans les CHSLD. Il y a lieu de réfléchir et d’encourager le développement d’autres formes d’hébergement. Le télétravail nous permet de rester à domicile, ce qui ouvre de nouvelles possibilités d’accueil et de cohabitation. L’on devrait encourager les habitations bigénérationnelles ou tout simplement garder ses parents à son domicile et ainsi permettre la cohabitation enfants-parents et assurer une meilleure fin de vie à nos aînés. 

Nous devrions retenir ce que l’on vit présentement et profiter de ce moment où la conscience collective est au rendez-vous pour implanter dès maintenant de nouvelles façons de faire pour le bien collectif à court, moyen et long terme.

Se tourner vers la ville intelligente, c’est se doter d’outils performants qui permettront de faire les choses autrement.